12.01.2018
Puivert : L’alambic d’Aristide a été délocalisé
A 84 ans, Aristide a passé le relais à Romain.
Il n’aura pas réussi à échapper à ce mouvement sournois initié au milieu des années 1975, l’imposant alambic d’Aristide Peyronnie, le bouilleur ambulant de Massat (Ariège), a quitté son emplacement habituel. Posée depuis de nombreux hivers aux portes de Campsaure, dans la cour des bâtiments de la Cuma (Coopérative d'utilisation de matériel agricole en commun), l’étrange machine à remonter le temps se dresse à présent sur l’ancienne école communale de Campbrion, hébergée par Stephen Fermor et sa famille.
Aristide Peyronnie à Sonnac, le 17 décembre 2012
Autre changement de taille pour les bouilleurs de cru habitués à traiter avec Aristide dès l’arrivée des premiers froids, la délicate transformation des fruits en alcool se fait désormais sous la responsabilité de Romain. Le petit-fils d’Aristide maîtrise déjà et parfaitement, toutes les subtilités du métier de « brûleur de vin », grâce à un savoir-faire familial qui se perpétue.
L’heure de la retraite semble donc avoir sonné, pour celui qui distille sans interruption depuis 1950, à l’exception de deux saisons, en 1954 et 1955, lorsque son statut de conscrit l’avait emmené vers les rivages de l’Afrique du Nord. Après un passage de témoin effectué à l’hiver 2017, les bouilleurs de cru ont maintenant rendez-vous et jusqu’à mi-janvier, à Campbrion, avec Romain.
Sur les berges du Blau à Villefort (photo archives, décembre 1994)
Aristide fixe le col de cygne (photo archives, Sonnac Janvier 2016)
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15.02.2017
« Brulou de vin », de grand-père en petit-fils
Après une courte pause, Aristide reprendra sa tournée à Puivert.
Aristide et Romain, unis par un savoir-faire familial qui se perpétue.
Après Villefort, après Sonnac-sur-l’Hers, et avant Puivert, Aristide vient de s’accorder une petite semaine de repos, pour laisser souffler cols de cygne, serpentins et cucurbite, remisés à l’abri sous l’enseigne des Vergers de la Galante. Une courte pause pour notre citoyen de Massat, expert en distillation et fidèle à la tâche, après soixante-sept années de « chauffe ». Une constance impressionnante au service de bouilleurs de cru tout aussi fidèles, sous n’importe quel ciel, et n’importe quelle température. Et cette année, l’homme aux mille élixirs s’est adjoint les services de Romain, son petit-fils, lequel maîtrise déjà et parfaitement, toutes les subtilités du métier de « brûleur de vin ».
De « al khôl » à alcool Tout comme avait pu les apprendre Aristide, conscrit au début des années 1950 sur les rivages tunisiens de Carthage. Pendant que la cucurbite monte en température, Aristide raconte comment l’invention de l’alambic et du principe de distillation, furent élaborés il y a mille ans, par le peuple arabe. Les premiers alambics servaient à fabriquer le fard à paupières, connu sous le nom de « khôl ». Quand ils commencèrent à distiller le vin, les créateurs allaient garder le même nom « al khôl », la chose subtile.
Malgré le temps qui passe, le prix du baril de « gnole » reste stable.
Goutte après goutte, les serpentins laissent filtrer la chose subtile, et Romain surveille l’alcoomètre, qui trempe son ventre gradué dans un liquide d’une parfaite limpidité. Le petit-fils d’Aristide tend un gobelet vers les bouilleurs, puis les sourires s’affichent au coin des lèvres, humectées d’un « riquiqui » des plus exquis.
Romain prépare la cucurbite pour une nouvelle « chauffe ».
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